L’univers de la musique n’est pas si simple que ça, Lhadi Bakari en a parcouru du chemin et a forgé son expérience dans le domaine. Aujourd’hui il nous ouvre les portes de son studio Matrack Records Corporation basé à Paris, au rendez-vous boulot, enregistrement et musique !
Vous vouliez un exemple de ténacité, en voilà un ! Lhadi Bakari mélomane qui a fondé le label Matrack Records Corporation en 2002 et ouvert le studio Matrack Records Corporation en novembre 2016 à la sueur de son front et de celle de ses collaborateurs Tapha (le beat maker), les ingénieurs du son Lesster, Najim et Latroce. Et si Lhadi nous a avoué avoir débuté la musique par erreur il y a quelques années, il supervise et aiguille des artistes comme Twabrane, notre talent de la semaine un certain mercredi. Son appétence pour la musique l’a amené à faire ses premiers enregistrements au studio Coppelia, un des plus grands studios de Paris où des pointures du rap français comme Booba ou encore Rohff ont enregistré certains de leurs morceaux. Twabrane nous avait parlé du studio en tant que tel « Le studio fonctionne comme une société, on commence même à avoir des artistes plus ou moins connus. On peut faire des projets complets, on a le matériel pour ». Une belle réussite pour les garçons, le jeune producteur nous en dit plus sur le fonctionnement de Matrack Records Corporation, son rôle au sein de l’équipe ainsi que la réalité du métier.
Je suis fier, je suis dans un état d’esprit très positif, grâce à toutes les personnes autour de moi.
Be You : Quel est ton rôle au sein de Matrack Records Corporation, quels liens avez-vous ?
J’ai crée la Matrack, une structure musicale avec Twabrane et Babal des amis de longue date et des artistes eux-aussi. C’est moi qui supervise la Matrack certes, mais on se concerte tous avant de prendre une décision. Nous sommes tous les boss de la Matrack.
Be You : Comment se déroule une journée type d’enregistrement ?
Une journée d’enregistrement est une journée de plaisir avant tout et c’est très important, mais quand il faut travailler, il FAUT travailler ! Quand on commence une journée d’enregistrement, on sait à quelle heure on entre au studio mais jamais à laquelle on en sort lol. Chacun sait exactement ce qu’il a à faire. On prend le temps d’arranger nos titres et de faire le point.
Be You : Tu es notamment artiste, ton EP Ma réalité a vu le jour, peux-tu nous en parler ?
J’avais arrêté la musique pendant cinq ans. À mon retour, il y a deux ans, j’avais plein d’idées en tête. La musique change chaque jour, le public aussi. Je me suis essayé à un projet Les conséquences de mes actes, la plupart des morceaux ont été enregistré au studio 23. C’était un projet prélude disponible en téléchargement gratuit, je voulais prendre la température et voir comment les gens allaient le réceptionner avant de réellement me lancer. J’ai été agréablement surpris, Ma réalité, mon LP de onze morceaux, est né de ce projet, il est disponible dans toutes les plateformes de téléchargement légales et en streaming. Ma réalité est une renaissance.
On sait canaliser nos émotions quand il faut travailler.
Be You : Ton morceau Reste calme est plutôt rap, Ne t’inquiète pas est plutôt afro, dans quelle catégorie musical te situes-tu ?
Je suis un artiste avant tout, j’essaye de ne pas me fixer de limites. J’écoute de tout, je peux donc proposer une production tantôt afro tantôt ragga ou autres. Si la musique me plaît je peux l’adapter à ma façon. Je veux rester musical avant tout.
Be You : Ton morceau Source, avec Dadiposlim est sorti, peux-tu nous en parler ?
Ce morceau me tenait à coeur depuis des années. C’est une reprise d’un de ses morceaux, Soihiba, tous les Comoriens connaissent ce morceau. À la base le morceau parle de la femme, j’ai gardé le refrain, mais j’ai changé le reste afin de déclarer ma flamme mais à mon pays. Et je suis d’autant plus fier que le titre a été enregistré au studio Matrack Records Corporation.
Un producteur doit absolument être à l’écoute de l’artiste.
Be You : En tant que producteur et artiste comment arrives-tu à concilier les deux rôles ?
Je jongle sur les deux tableaux : en tant qu’artiste je dois mener mon projet à terme. En tant que producteur je dois gérer et m’impliquer autant dans les projets de mes artistes. Le plus dur c’est vraiment le manque de temps.
Be You : Quelles sont les compétences indéniables que doit avoir un producteur ?
Un producteur doit absolument être à l’écoute de l’artiste. On a tous nos idées qui sont arrêtées sur notre vision de voir la musique, le producteur doit connaître les besoins de chaque artiste. Il doit justement améliorer la musique de l’artiste, tout en le laissant apporter sa touche personnelle. Être producteur c’est du management, je dois structurer le tout de façon à ce que ça ressemble à l’image que Matrack Records Corporation veut véhiculer.
Be You : As-tu un modèle de production pour Matrack Records Corporation ?
La musique française ne s’exporte pas. La France ne donne pas assez de coups de pouce à ses artistes, ils ne dépassent pas les limites du territoire. Moi j’ai opté pour un modèle de production culturel : je pense aux Comores. En général c’est le pays qui s’adapte à la musique et non le contraire. Notre culture est riche, on retrouve ce métissage dans nos musiques traditionnelles, je pense au twarab par exemple, qui est un mélange de mélodies arabes à base de violon, tambourin, luth etc. avec la touche comorienne. Le but de Matrack Records Corporation est aussi de s’adapter à n’importe quel genre musical tout en laissant les artistes être eux-mêmes.
L’industrie musicale veut que les artistes fassent du buzz, l’amour de la musique n’existe plus.
Be You : Tu as déjà essuyé des échecs te voilà aujourd’hui à la tête de Matrack Records Corporation avec ton équipe, quel message souhaiterais-tu dire aux jeunes qui rêvent d’exceller dans la musique ?
Il faut croire en ses rêves, ne jamais laisser les gens vous dissuader, même les proches. Quand on y croit on y arrive. Nous, on a créé Matrack Records Corporation afin de travailler sereinement, et non dans le but de devenir célèbres. Même ceux qui n’ont pas les moyens peuvent venir enregistrer, louer le studio, nous sommes ouverts à tous et c’était ça notre but.
Découvrez l’univers Matrack Records en photos
Be You : Aujourd’hui, tu es artiste et producteur, dans quel état d’esprit es-tu aujourd’hui ?
Je suis fier, je suis dans un état d’esprit très positif, grâce à toutes les personnes autour de moi. Faire ce qu’on aime avec les gens qu’on aime, il n’y a pas mieux. Et ça je peux le dire haut et fort !
Be You : Que serait la consécration pour Lhadi et Matrack Records Corporation ?
J’aimerai qu’un artiste de la Matrack sorte de l’ombre ça serait une très belle réussite pour nous tous. Matrack Records est le travail de toute une équipe, de toute une famille. Pourquoi pas un disque d’or lol ?
Be You : As-tu pris de nouvelles résolutions pour 2017 ?
Prendre le temps. Ne plus sortir un projet qui ne me correspond pas juste parce-que je suis pressé. Ne pas se précipiter et prendre du recul afin de proposer quelque chose de positif plutôt qu’un projet non abouti et être déçu.
Retrouvez la team Matrack Records Corporation, samedi 11 février à la journée culturelle organisée par l’association AFA2E au 1 rue Léon Harmel à Antony, Lhadi et Twabrane vous réservent un show inédit et une surprise avec une de leurs artistes, Nejma.